Je voudrais revenir sur l’interview de l’Abbé Stéphane Seminckx, porte-parole belge de l’Opus Dei, parue dans le journal "La Libre Belgique" les 12 et 13 mars derniers.

Ana Ananza a déjà commenté la gaffe de l’Abbé Seminckx, insultant la Compagnie de Jésus (des frustrés !)  le jour de l’élection du Pape François.  Si l’Esprit Saint soufflait ce jour-là dans la Chapelle Sixtine, c'était un autre esprit qui inspirait les bureaux bruxellois de l’Opus Dei.

Mais il y  a d’autres perles dans cette interview.  Par exemple la Messe en latin...

Question:  Les messes, en latin ?

Réponse: Non, nous n’avons pas de position sur ce point ! Nous n’avons pas de messes particulières.

Nous savons tous que Saint Josemaria et l’Opus Dei aimaient et aiment le latin (Ce qui n’est pas un crime, mais pourquoi le dissimuler? ).
Si quelqu’un en doute, il suffit de relire le document interne « Experiencias de práctica pastoral Chap.10§3 : La Sagrada Eucaristia - Algunas consideraciones sobre la celebración de la Santa Misa » :
« (…)Pour cette raison, dans les oratoires où habituellement assistent uniquement des personnes de l’Œuvre, on utilise le latin pour la Messe et les autres cérémonies liturgiques.
Dans les églises confiées par l’Evêque du diocèse à la Prélature, on suit les dispositions établies par la hiérarchie diocésaine territoriale; et le même critère est en vigueur dans les résidences, centres de Saint Raphaël et maison de retraites où assistent à la Messe des personnes qui n’appartiennent pas à l’Œuvre».

Et ce même document se réfère à une instruction claire de Saint Josemaria datée de 1971: « chaque fois que c’est possible, célébrez la Messe en latin » (De nuestro Padre, Carta, 10-VI-71, n. 4).

Le document en question fait partie des documents dont l’Opus Dei a réclamé et obtenu la reconnaissance en justice. (Voir page 12, nr16 du jugement récent).
Pour l'Opus Dei belge, une messe en latin n'est pas une messe en latin. Les enfants d'Escriva deviendraient-ils des enfants de Magritte?

Une autre perle, que seuls les connaisseurs du surréalisme politique belge peuvent comprendre, est l’analogie avec les régions et communautés pour expliquer les relations entre les diocèses et la prélature.

Question: Qui est le patron de l’Opus Dei ?

Réponse: Nous sommes une prélature, avec à sa tête un prélat, actuellement Mgr Javier Echevarria. Il est aussi évêque, car la prélature fait partie intégrante de l’Eglise, à l’instar d’un diocèse. Pour être clair et compréhensible, la prélature est au diocèse ce que la communauté française est à la région. La prélature personnelle est un concept personnel sans limite territoriale. L’Opus Dei gère donc des personnes et non pas un territoire. En Belgique, nous avons un représentant de ce prélat, le vicaire régional, Mgr Emmanuel Cabello

Pour essayer de résoudre le problème de gouvernement belge et les interactions de plusieurs langues et cultures sur des territoires différents, les hommes politiques ont imaginé de séparer les compétences gouvernementales en compétences « personnalisables» gérées par la communauté et en compétences « territoriales » gérées par la région. Mais cela ne marche pas, entraine une multitude de conflit d’intérêt et coûte une fortune. Ce n‘est donc pas un exemple de fonctionnement harmonieux. En pratique, la seule manière de faire fonctionner le système est l’unité par les personnes : le Président de la communauté est aussi Président de la région et de même pour un certain nombre de ministres et députés; le budget est géré par un ministre du budget commun aux deux entités.

L’Opus Dei belge envisagerait-il d’offrir le poste de Vicaire Régional à l’Evêque diocésain, d’ouvrir sa commission régionale aux membres du Conseil Episcopal ou de mettre en commun son budget avec celui de l’Evêché? En Belgique, le surréalisme n’est jamais loin……et tout est possible.

Mais pour cela, il faudrait arrêter de se cacher pour célébrer des messes en latin en petit comité!

Homère

TRADUCCIÓN DE ANA AZANZA: