Texto original en francés:

La sentence prononcée dans le procès de Catherine Tissier a déjà fait couler beaucoup d'encre. On peut discuter à l'infini de l'implication de l'Opus Dei, mais tout le monde sait bien, y compris les juges, ce qu'il en est. Le fait que des montages juridiques soit mis en place pour éviter l'implication juridique de l'Opus Dei ne veut rien dire de sa réelle responsabilité morale, et en particulier devant la justice divine.

Les faits établis sont très graves au regard de la doctrine catholique la plus traditionnelle. Si on reprend les vieux catéchismes très appréciés de Escriva, on retrouvera le concept de "péchés qui crient vengeance au ciel" dans le catéchisme de Saint Pie X (question 966). Ces péchés sont très peu nombreux (seulement quatre), et l'un d'entre eux est de ne pas payer le salaire juste aux ouvriers (un autre étant l’homicide volontaire, ce qui montre bien le niveau de gravité).

Au 20^ième siècle, le Pape Jean-Paul Ier a fait allusion à ce péché lors d’une homélie en septembre 1978: "Les péchés qui crient vengeance au ciel, pourquoi sont-ils des plus graves et des plus funestes ?" Et moi je répondais, avec le catéchisme de Pie X : "...parce qu'ils sont directement opposés au bien de l'humanité et tellement odieux que, plus que tous autres, ils provoquent les châtiments de Dieu"

Et dans son livre sobre el cielo y la tierra, le Pape François, alors Cardinal Bergoglio, reprenait le thème des « bons » catholiques qui ne payaient pas le juste salaire : « Es verdad que entre la feligresia hay gente que no solo ha matado intelectual o fisicamente, sino que ha matado indirectamente por el mal uso de los capitales, pagando sueldo injustos. Por ahi forma parte de sociedades de beneficencia, pero no les paga a sus empleados lo que les corresponde o los contrato « en negro ». Esa es la hypocresia, la esquizofrenia, a la cual me referia. A algunos les conocemos el curriculum, sabemos que se hace los catolicos pero tienen estas attitudes indecentes de las que no se arrepienten. Por esa razon, en ciertas situaciones, no doy la comunion, me quedo detras y la dan los ayudantes, porque no quiero que estas personas se acerquen de mi para la foto. Uno podria negarle la comunion a un pecador publico que no se arrepintio, pero es muy difficil comprobar esas cosas. »

Tout est dit. La hiérarchie de l’Eglise, comme tout le monde, est bien évidemment au courant, mais on ne peut rien prouver, donc la seule chose à faire est de rester à l’écart, ne pas se faire « photographier » avec eux tant qu’ils ne se repentent pas. Car le repentir est essentiel. Aller en cassation est un signe clair de non repentir et Dieu n’aime pas les cœurs endurcis.

Pourquoi l’Opus Dei ne recommande-t-elle pas (dans l’intérêt de leur âme) à ses deux membres impliqués dans cette affaire et aux gestionnaires de cette association ACUT (dont l'Opus Dei assure la caution morale) de pleurer en privé sur leur péché comme l’a fait Saint Pierre après avoir renié trois fois le Christ au lieu de s’obstiner dans des procédures juridiques moralement inadmissibles? Et si ils refusent, pourquoi les prêtres de la Prélature ne leur refusent-ils pas les sacrements, comme le suggère la doctrine et le Pape François ?

Un dernier mot,plus amusant. Sur son blog la Porte parole de l’Opus Dei en France, renvoie à un article de Massimo Introvigne « pour mieux comprendre le contexte du procès». Quand on sait que Massimo Introvigne a défendu avec les mêmes arguments le fondateur pédophile des Légionnaires du Christ et que les ouvrages de ce même Massimo Introvigne sont recommandés à la lecture par l’Eglise de Scientologie, que penser d'une telle association qui se met elle-même dans un club peu fréquentable, en dehors même de l'Eglise catholique?

Mais pour l'Opus Dei, tout cela n'a aucune implication morale. Ce sont de simples faits relatifs au droit du travail, sans plus. Business as usual....

Homere